Lieux de pérégrinations

Argentine (2008), Yémen, New-York (2009), Andalousie (2010), ...

Un palais dans les montagnes – samedi 13


Samedi après-midi, j’ai visité un village situé autour de Sana’a, à 15 km : Ouadi Dhar « la maison de l’oued ». Depuis une falaise, on découvre le hameau encaissé entre les montagnes et les terres arides. Comme par miracle, de la végétation. Ouadi vient de oued, cours d’eau. Tout s’explique. Là-bas, accompagné du chauffeur de taxi de Cloé, Abdou, transformé en guide touriste pour l’occasion, j’ai visité Dhar El Hajjar, « le Palais du Rocher », construit dans les années 30 pour l’imam Yéhia, en tant que résidence d’été. C’est un monument magnifique qui surplombe tout le village.  De certaines pièces, il y a une vue imprenable sur les arbres du Ouadi. A l’intérieur, les étages se succèdent et les pièces de vie se lovent au bout de couloirs labyrinthiques. J’ai aimé les murs blanchis à la chaux, le puits gigantesque qui permet de distribuer l’eau à chaque étage, les alcôves pour conserver les boissons et les aliments au frais, les majestueuses « qamareyas », ces vitraux typiques dont la lumière colorée habillent les murs et le sol... 

                                    

J’ai adoré les mafrajs de réception de l’imam et surtout  son salon d’été. C’est une pièce très allongée avec de grandes baies vitrées (à l‘ancienne et encore en bon état) qui ouvrent sur 3 fontaines et un petit bassin, dans lequel les invités pouvaient tremper leurs pieds. Le lieu est vraiment bien situé car il continuellement caressé par une brise rafraîchissante.

 Je n’ai pas aimé l’état des lieux en dehors du palais-musée. Les sacs plastiques roses, bleus, jaunes étouffent les arbres et remplacent les fruits. Juste à côté d’un hammam très ancien, en style ottoman, une déchetterie improvisée s’est installé là. Sous l’ancienne mosquée de l’imam, une turbine infernale et des canalisations défigurent le lieu. Et forcément, ça ne choque pas les habitants. Les gens mangent et jettent d’un geste désinvolte les emballages en marchant ou en passant en voiture. C’est déroutant, surtout quand on voit les photos d’époque dans le musée. Les ruelles ensablées étaient propres, pas d’enseignes dans tous les sens au-dessus des échoppes, les villageois semblaient respecter davantage leur lieu de vie. Ce n’est pas la pauvreté qui m’indigne, c’est la dégradation « volontaire, active » du style de vie. Mais évidemment, quand on a à peine de quoi manger, l’environnement passe bien après. A mon avis, cette conception orientale de la « modernisation » est complètement erronée car avec des moyens financiers similaires, on pourrait mieux faire pour nous et notre environnement. Mais est-elle vraiment qu’orientale, cette conception ?

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