Tout va bien v2 - mardi 23
Entre terre et ciel – vendredi 19
Juste. Simplement. Le ciel étoilé en tête de lit, et les lumières de la ville endormie comme décor de chambre. Je ne rêve pas. Je me laisse porter par cette joyeuse plénitude de passer un nuit sur un des plus hauts toits de sanaa’ qadima (sanaa’, la vielle ville). La musique de l’ipod inonde la terrasse et se mêle au chant matinal et sévère du muezzin…et moi. Avec Cloé. Nos rires, nos délires, nos photos. L’envie de garder une trace, de conserver ce moment. Voir l’aube se lever et caresser nos silhouettes sous les draps de coton blanc. Juste. Simplement. Vivre le bonheur d’être entre terre et ciel.
Qat woman - jeudi 18
Ca y est, j’ai essayé. On s’est organisé avec des amis, une soirée qat dans le style yéménite. Un ami de Cloé, Ibrahim, était allé dans l’après-midi au marché du qat ( prononcé « gat » ). Il a pris une bonne dose de feuilles fraîches et de bonne qualité pour chacun. Arrivé à la maison, il a nettoyé les feuilles à grandes eaux et nous avons tour à tour, essoré « la salade », emballée dans un tissu. Ibrahim était en habit du dimanche yéménite : une longue tenue blanche à col mao, une ceinture brodée de fils dorés pour porter sa « djembeya » (poignard yéménite symbole de leur tradition tribale) transmise de père en fils (elle vaut pas mal d’argent aujourd’hui).
Avant de qater, il y a plusieurs règles à respecter. C’est tout un rituel. Il faut bien manger avant car le qat enlève la sensation de faim. Il faut aussi être dans une pièce avec de grandes fenêtres qui offrent un panorama intéressant (c’est pourquoi les mafraj sont souvent situés à l’étage le plus haut des maisons) pour satisfaire le regard et les esprits aiguisés par les effets du qat. Les fenêtres doivent rester fermées pour garder la chaleur ambiante. Il faut avoir suffisamment de place pour pouvoir discuter et faire le pacha. Comme le goût est amer au début (identique selon moi au maté argentin), on a fait un stock de pepsi et autres sodas, de l’eau aussi et pas mal de conversations dans les bagages… Le qat fait parler. Il délie les langues et normalement les esprits.
Pour ma part, comme c’était la première fois, c’était sweet. Pas d’effets démentiels. Je me sentais juste bien. Un moment, j’ai réchauffé à manger pour un ami et là, j’ai eu un bon coup de chaud. A part ça…Ah, si, l’absence de sommeil. Je me suis couchée vers 4h30 du mat sans fatigue et me suis réveillée 2 heures après. J’ai aimé la découverte du rituel, l’ambiance « à la romaine », philosophie & sofa… Le goût ne m’a pas déplu. On passe près de 3heures à mastiquer des feuilles pour que la salive irrigue notre corps de qat. Je n’ai pas aimé l’état de ma joue droite après. Le qat irrite les gencives et la bouche. Il faut passer au bain de bouche 3 fois par jour pour apaiser l’abcès. Ici, comme les hommes en prennent tous les jours, n’importe quand, nombreux sont ceux qui se retrouvent avec des cancers de la joue. En plus, ils deviennent insomniaques et se tapent des problemes d estomac. C’est quand même une belle cochonnerie qui tient le pays en éveil perpétuel.like a muslim, touched for the very first time... - jeudi 18
Ok, le parallèle avec le tube légendaire de Madonna tient du grand écart au vu du sujet qui suit mais…passons. Avec Cloé, nous avons fait une petite escale à la grande mosquée présidentielle, qui fait beaucoup débat ici. En effet, la construction de cet édifice monumental a nécessité des milliers de dollars dont le peuple yéménite aurait bien besoin. Nourrir la foi en enlevant le pain de la bouche, c’est une méthode. Le président Saleh a voulu marqué les esprits et le temps. C’est chose faite. Le bâtiment est impressionnant. La cour intérieure est vraiment agréable, balayée par le vent sanaani. L’intérieur se veut très riche, les ornements sont nombreux, assez envahissants. On peut voir beaucoup de dorures, des lustres bling-bling… c’est une mosquée assez tape-à-l’œil, dans la pure tradition du kitsch arabe. Les écritures saintes, gravées sur les murs sont jolies.
Comparativement, et ce n’est pas par chauvinisme, je préfère la mosquée de Casablanca. Le travail des artisans marocains est beaucoup plus raffiné. On reconnait davantage dans cette dernière, le style des grandes dynasties arabes.
J’ai aimé arriver en taxi avec ma casquette, et me transformer en mettant un foulard sur la tête pour passer l’entrée. J’ai aimé la révélation divine typiquement chiite reçue dans l’enceinte de la salle de prière (hihi). J’ai aimé la moquette très épaisse qui absorbait mes pas. J’ai aimé l’espace vide, la sérénité qui s’en dégageait.
La maison du Baiser – mardi 16
Mais qui est Mohammed ? C’était le petit prophète de ces lieux. Un bambin, qui du haut de ces 8 ans s’est improvisé guide pour notre bonheur. J’ai adoré la rencontre… Il vit dans ce village avec sa famille, s’occupe de ses chèvres, et permet aux touristes égarés de donner « un sens » à leur visite. Le petit Mohammed nous a montré tous les coins et les recoins du village. Sans lui, je n’aurai vu que de vieilles maisons en pierre, abîmées pas le temps. Avec lui, j’ai compris qu’avant il y avait le marché, la salle des grains, la salle des morts, la maison des bijoutiers… des lieux charmants malgré les cicatrices profondes du temps et de la pauvreté. Sorties de nulle part, des femmes et leurs filles nous demandaient l’aumône. Les maisons ont été abandonnées depuis des siècles et on ne sait comment, ces personnes vivent là sans eau ni électricité…
J’ai adoré le point de vue exceptionnel que l’on a de Sanaa’, la montagne des « deux seins » (et oui, ça ne s’invente pas, vous pouvez facilement imaginer la forme) qui fend le paysage, entre mosquées et buildings. J’ai aimé voir grimper ici et là pour « m’aventurer » (c’est un grand mot) dans le village. J’ai aimé parler en arabe avec le petit Momo (cf. La vie devant soi d’Emile Ajar). Un très beau moment.tout va bien
il y a 3 jours, 7 allemands (deux parents, 3 enfants et 2 infirmieres), un britannique et un sud-coreen ont ete enleves dans le region de saada, dans le nord du pays. c est une region tres dangereuse, et connue comme telle par tous. alors, pourquoi ce groupe de 9 personnes est alle pique-niquer a saada? Ce n est apparemment pas un acte de la tribu des Houthi. c est un fait divers etonnant car apres lenlevement, personne n a appele les autorites pour une rancon ou autre. Bref, c est complique et obscur. Il est dit aujourd hui dans la presse que des corps ont ete retrouve. il faut attendre pour avoir la confirmation de combien, qui et pourquoi. j ai regarde sur plusieurs sites, les infos ne sont pas les memes.
en tout cas, je vais bien (meme les moustiques ont commence a me laisser tranquille). sanaa est tres loin de cette region. si je bouge, ce sera plus au sud. je ne voyage jamais seule et vraiment, je ne frequente pas les zones a risques. Ici, ce n est pas la jungle. Sincerement! faut pas aller n importe ou, n importe comment.
je vous embrasse et continuons a rever ensemble car c est un pays magnifique et les gens qui y sont ne sont pas tous des barbus sanguinaires.
prenez soin de vous et surtout ne vous inquietez pas
Reine du Midi, Bilkis, Cassiopée… - dimanche 14
…Celle qu’on appelle la reine de Saba’. Juste un petit mémo sur l’histoire de cette figure légendaire du yémen et d’éthiopie. Selon le mythe (ou la réalité, personne ne sait) la reine de la région de Saba’, au Yémen, était une femme d’une grande beauté et d’une sagesse incroyable. Elle vénérait le soleil et la lune. Ayant entendu parler de la renommé de Salomon, elle voulu éprouver sa sagesse par des énigmes. Elle entra dans Jérusalem avec plus d’or, d’aromates et de pierres précieuses qu’on ne peut l’imaginer aujourd’hui. Elle mit à l’épreuve, le « sage » qui réussi avec succès. Salomon, qui lui aussi voulait tester la reine, avait fait bâtir un palais dont le sol ressemblait comme 2 gouttes d’eau à… de l’eau. La reine leva ses jupes en entrant, et Salomon pu découvrir ainsi qu’elle n’avait pas des pieds de chèvre, comme le disait la légende. Il lui demanda sur le champ de l’épouser et de se convertir. En femme de caractère, elle refusa affirmant qu’elle voulait être l’unique femme d’un homme. Le roi israëlien, lui était polygame. Il accepta son refus à la seule condition qu’elle ne prenne rien dans le palais pendant son séjour. Un soir, alors que la reine était assoiffée, elle s’abaissa pour prendre un peu d’eau du ruisseau qui passait dans l’enceinte du palais. Salomon l’a surprise. Elle se maria donc avec lui et mis au monde, Ménélik, qui ouvre la dynastie des éthiopiens. Un jour, elle quitta le royaume d’israël pour retrouver le sien, sans jamais se retourner sur son chemin.
Voilà, et pour ceux qui veulent continuer à rêver, vous pouvez lire « l’embarquement de reine de saba », de Michel Butor, d’après un tableau de Le Lorrain ( je l’ai bientôt fini, c’est particulier mais bien pensé quand on connait l’histoire)/ La reine de Saba de Marek Halter www.lareinedesaba-lelivre.com /
Un palais dans les montagnes – samedi 13
Samedi après-midi, j’ai visité un village situé autour de Sana’a, à 15 km : Ouadi Dhar « la maison de l’oued ». Depuis une falaise, on découvre le hameau encaissé entre les montagnes et les terres arides. Comme par miracle, de la végétation. Ouadi vient de oued, cours d’eau. Tout s’explique. Là-bas, accompagné du chauffeur de taxi de Cloé, Abdou, transformé en guide touriste pour l’occasion, j’ai visité Dhar El Hajjar, « le Palais du Rocher », construit dans les années 30 pour l’imam Yéhia, en tant que résidence d’été. C’est un monument magnifique qui surplombe tout le village. De certaines pièces, il y a une vue imprenable sur les arbres du Ouadi. A l’intérieur, les étages se succèdent et les pièces de vie se lovent au bout de couloirs labyrinthiques. J’ai aimé les murs blanchis à la chaux, le puits gigantesque qui permet de distribuer l’eau à chaque étage, les alcôves pour conserver les boissons et les aliments au frais, les majestueuses « qamareyas », ces vitraux typiques dont la lumière colorée habillent les murs et le sol...
J’ai adoré les mafrajs de réception de l’imam et surtout son salon d’été. C’est une pièce très allongée avec de grandes baies vitrées (à l‘ancienne et encore en bon état) qui ouvrent sur 3 fontaines et un petit bassin, dans lequel les invités pouvaient tremper leurs pieds. Le lieu est vraiment bien situé car il continuellement caressé par une brise rafraîchissante.
Je n’ai pas aimé l’état des lieux en dehors du palais-musée. Les sacs plastiques roses, bleus, jaunes étouffent les arbres et remplacent les fruits. Juste à côté d’un hammam très ancien, en style ottoman, une déchetterie improvisée s’est installé là. Sous l’ancienne mosquée de l’imam, une turbine infernale et des canalisations défigurent le lieu. Et forcément, ça ne choque pas les habitants. Les gens mangent et jettent d’un geste désinvolte les emballages en marchant ou en passant en voiture. C’est déroutant, surtout quand on voit les photos d’époque dans le musée. Les ruelles ensablées étaient propres, pas d’enseignes dans tous les sens au-dessus des échoppes, les villageois semblaient respecter davantage leur lieu de vie. Ce n’est pas la pauvreté qui m’indigne, c’est la dégradation « volontaire, active » du style de vie. Mais évidemment, quand on a à peine de quoi manger, l’environnement passe bien après. A mon avis, cette conception orientale de la « modernisation » est complètement erronée car avec des moyens financiers similaires, on pourrait mieux faire pour nous et notre environnement. Mais est-elle vraiment qu’orientale, cette conception ?
Le pain « qatidien » - samedi 13
Tous les jours, à partir de 14heures, tous les mecs qatent. Le qat, c’est la drogue nationale. Il parait qu’elle a un effet stimulant, à l’image de la coca en argentine. Petits, grands, ils ont tous la joue déformée car l’herbe se glisse dans la bouche et développe ses « effets » sous l’action de la salive. En voiture, en marchant, au café, en bossant, en draguant… quelle que soit l’activité, le qat c’est la priorité. Samedi, j’ai eu la chance de visiter une plantation. C’est un arbre très souple, assez haut, qu’on courbe pour récolter les feuilles. C’est étonnant.
Même les femmes qatent, mais pas dans la rue, plutôt autour d’un thé ou d’un café, installées entre copines dans le mafraj (salon oriental qui borde une pièce centrale de la maison, pour recevoir). Ici, l’alcool est interdit. Le qat coupe la sensation de faim, provoque des insomnies (il faut bien manger et boire un bon lait chaud pour essayer de dormir) et bizarrement, ça donne l’air plus défoncé que speed. Ce qui n’arrange pas les affaires de la gente masculine en matière de séduction. Vous m’excuserez, si certains yéménites lisent ce message, mais les mecs, c’est loin d’être des bombes. Les métisses indiens, éthiopiens…sont carrément plus mignons. Par contre, je ne vais pas trop critiquer car avec ma tête d’Elepant man, je ne déplace pas les foules.
Yasmine à la piscine – vendredi 12
Vous connaissez tous les histoires de Martine à la campagne, Martine à la fête foraine… Hier, j’ai eu la chance découvrir « yasmine à la piscine ». Avec Cloé, nous sommes allées nous rafraîchir le corps et l’esprit à la piscine du Shératon de Sana’a. Et oui, pour faire trempette ici, il faut aller dans les grands hôtels à touristes et nantis du coin. Et bien, entre les filles en bikini et les anglaises la cigarette au bec, il y avait des familles yéménites traditionnelles. Certaines femmes portaient le nikab (tenue noire qui ne laisse apparaitre que leur regard mystérieux de 12 à 77 ans). Etrange contraste ! Imaginez-vous en train de vous baigner alors que la fille d’à côté est nage sous son grand habit noir, par 35°C.
Autre exemple, mardi après-midi, nous sommes allées dans un supermarché. A l’étage supérieur, les vêtements pour femmes. Vous n’en n’auriez pas cru vos yeux : il y a avait une boutique entière de lingerie hot sexy girl. Des ensembles en dentelle rouge passion avec des plumes par-ci et juste un fil par-là. Apparemment, il est convenu que sous son habit d’extérieur, la femme yéménite se dote des plus beaux atours pour satisfaire son mari, à l’intérieur. Y’a pas de mal à se faire du bien, c’est sûr. Mais cette réalité pleine de décalages est vraiment intrigante. Je ne sais pas si j’aurai la chance d’aller dans une famille yéménite pour comprendre. En tout cas, la vie ici est faite de ces paradoxes déroutants, qui mêlent envies de liberté(s) et respect des conventions. C’est une vraie découverte.
Joe le taxi – mercredi 10
On bouge beaucoup en taxi, enfin, dans des boites en tôle à 4 roues (hihi). En général, il n’y a pas de compteur. C’est le client qui fixe son prix (en moyenne entre 1 et 2 € la course), même si le chauffeur se trompe et qu’il nous fait faire le tour de la ville, le prix reste identique. « Faire le tour de la ville », ce n’est pas une figure de style. Mercredi, nous sommes montés dans un taxi et le gars ne savait pas où se trouvait l’artère principale qui mène à la vielle ville, la saïla. C’est comme ne pas situer le cours des 50 otages à Nantes ou la rue rivoli à Paris. Heureusement que Cloé était là car on était parties pour un city tour. Une autre fois, c’est un chauffeur qui a arrêté par 4 fois des passants et même une voiture en pleine circulation pour demander sa route. C’est hyper drôle. Et franchement, les taxis drivers sont plutôt sympas car ils font pas mal d’efforts pour comprendre notre arabe francisé. Pour beaucoup, ils tentent 2-3 mots d’anglais pour nous mettre à l’aise. J’ai même encore reçu un collier de jasmin. Sincèrement, j’adore. C’est un excellent moyen pour découvrir Sana’a.
Ils m’ont fait la peau ! – mercredi 10
Quand tu pars au Yémen, tout le monde te dit « Te fais pas enlever. Fait attention à ta peau ! »
Et bien, depuis mon arrivée, j’ai rencontré à mes dépends des êtres sournois, assoiffé de sang, vicieux, qui ne m’ont fait aucun salamalek avant de m’attaquer : j’ai nommé, les insectes. Ils m’ont complètement ravagé le visage, les mains, le dos, les jambes, les pieds (même entre les orteils, grrr….) et ils y vont franco quand il s’agit de French Kiss. Pas de préliminaires. J’ai les lèvres de Lolo Ferrari (pas l’ex-animatrice de tf1 bien-sûr), et la peau d’une jeune adolescente pubère boustée au nutella. Alors, non, je vous le dis d’avance, pas de photos. Même sous la torture je ne vous montrerai rien. Même Elephant man a sa dignité.
Je passe mes journées et mes nuits à me badigeonner de lotion anti-moustiques zone tropicale force 15, d’aloé vera bio 100% tout ce qu’il faut, d’huile essentielle de lavande…j’ai tout essayé mais rien n’y fait. Mon sang sucré de franco-marocaine les attire. Les mosquitos yéménites se dopent au L.I.I. C’est l’enfer !
On m’avait dit fait attention, mais on s’était trompé de terroristes.
Au pays de la reine de Saba
bonjour à tous,