Un soukcès fou - samedi 27

Je peux le confirmer: les yéménites sont très commerçants et très accueillants. Plusieurs fois, je me suis retrouvée à négocier le prix, et si par malheur j'étais prête à laisser tomber l'affaire, le type en face souvent armé de sa djembeya et le qat en bouche, n'abandonnait jamais. Dans le souk, les vendeurs sont prêts à faire tous les efforts du monde, pour que le client reparte content. Ça a vraiment l'air d'être important pour eux. Je trouve ça plutôt agréable. Quand tu passes dans une boutique, il est rare de repartir les mains vides. Il est rare aussi de ne pas recevoir un petit cadeau, quand tu fais beaucoup d'achats.

J'ai rencontré un italien qui m'a dit de faire attention, qui insinuait que les yéménites étaient des arnaqueurs. Il est bien gentil, mais ce ne sont pas eux les mafieux... Ça m'insupporte qu'on critique les vendeurs du souk qui vont se faire quelques rials sur ton dos alors qu'on se fait enfler tout le temps en Europe. Prenez par exemple la majoration pour un verre en terrasse! Le prix d'une place de concert... Faut arrêter un moment de jeter la pierre à ces gens qui font de leur mieux pour s'en sortir. J'ai rencontré un jeune saoudien qui m'a dit que dans son pays, les yéménites sont réputés pour "savoir faire du business dans le respect de la parole donnée". L'honneur est une valeur tribale qui semble encore couler dans les veines yéménites.

J'ai beaucoup aimé le fait que plus tu baisses le prix, plus le vendeur te dit que c'est un produit de super ultra quality. J'ai aimé leur côté serviable. Quand tu veux un modèle précis, ils vont faire le tour des potes pour te le trouver. Une fois même, comme je ne voulais pas y laisser un bras pour un petit manteau, le vendeur en a fait faire un autre dans un tissu moins cher. J'adore l'ambiance du souk, d'autant qu'on peut tout y trouver, même les choses les plus improbables : briquets Ben Laden ou Saddam Hussein... Je préfère prévenir les amateurs, je n'en ai pas. Même pour la blague, je ne cautionne pas.